Le monde de l’entrepreneuriat féminin évolue vite. En 2024 en France, les femmes sont à l’origine de 42 % des créations d’entreprise. Un chiffre en hausse constante depuis dix ans. Pourtant, derrière cette dynamique, une réalité persiste : celle d’un plafond de verre, discret mais bien réel, qui freine la croissance, la reconnaissance ou l’ambition de nombreuses cheffes d’entreprise. L’entrepreneuriat féminin n’est pas en retard par manque d’idées ou de talents, mais parce qu’il reste soumis à des freins systémiques encore peu visibles : accès inégal au financement, stéréotypes de genre tenaces, charge mentale disproportionnée, et réseaux professionnels encore trop masculins.

Financement, légitimité, charge mentale : les blocages sont multiples

Les femmes entrepreneures lèvent en moyenne 2,5 fois moins de fonds que leurs pairs masculins, selon le baromètre SISTA x BCG. La cause ? Moins de réseaux d’investisseurs, moins d’accès aux cercles de décision, mais aussi plus d’autocensure dans la négociation. Ce déséquilibre se reflète dans les chiffres : seulement 2 % des levées de fonds sont captées par des équipes 100 % féminines. À cela s’ajoute un désavantage économique : les femmes disposent de 15 % de patrimoine en moins que les hommes (Insee, 2023), une inégalité liée à des écarts de salaires, de carrière et d’héritage. Elles investissent en moyenne 25 % de capitaux propres en moins lors de la création. Leurs projets démarrent donc avec moins de moyens, freinant leur croissance. Mais ce n’est pas qu’une question d’argent. La perception sociale joue aussi un rôle. En 2024, bien que les femmes représentent environ 10 % des PDG du Fortune 500, seules 3 % d’entre elles sont connues du grand public. Une invisibilité qui alimente le sentiment d’illégitimité chez beaucoup, surtout dans les secteurs techniques ou innovants. Ce déséquilibre est aussi renforcé par le syndrome de sécurité absolue, une tendance plus marquée chez les femmes à éviter le risque. Socialement éduquées à privilégier la prudence et la stabilité, beaucoup hésitent à s’endetter ou à quitter un emploi stable, craignant les conséquences d’un échec. Selon l’OCDE, 64 % des
femmes françaises estiment que la peur de l’échec est un frein majeur à la création d’entreprise, contre 49 % des hommes. Ce facteur psychologique, souvent invisible, agit comme un frein puissant à l’ambition entrepreneuriale. À cela s’ajoute la fameuse double journée. La majorité des entrepreneures déclarent consacrer plus de temps que leurs collègues masculins à la gestion du foyer, ce qui limite leur disponibilité pour développer leur entreprise, réseauter ou suivre des formations stratégiques. De plus, en France, 85 % des familles monoparentales sont dirigées par des femmes (Insee, 2023), ce qui complique encore la conciliation entre vie personnelle et projet d’entreprise.

 

Déconstruire les freins culturels pour ouvrir la voie

Briser le plafond de verre ne passe pas seulement par plus de financements ou de mentorat : cela exige une remise en question des normes culturelles qui conditionnent encore notre rapport à l’ambition et au leadership. Dès l’école, les filles sont moins incitées à se projeter comme dirigeantes, moins encouragées à prendre des risques ou à se valoriser. Dans l’univers pro, la figure du leader reste souvent associée à des qualités dites « masculines » : autorité, contrôle, endurance. Ce biais façonne les attentes, l’accès aux opportunités… et l’autocensure. Déconstruire ces schémas demande une action collective : visibiliser d’autres modèles de réussite, féminins ou hybrides, montrer qu’on peut diriger avec sensibilité, souplesse ou coopération, c’est ouvrir des perspectives plus larges. En valorisant une pluralité de trajectoires, on donne aux futures générations la liberté de s’imaginer autrement et de s’autoriser davantage.

 

Vers un entrepreneuriat plus juste et plus visible.

Briser le plafond de verre, ce n’est pas demander aux femmes de s’adapter à un modèle masculin. C’est repenser l’écosystème pour mieux inclure toutes les ambitions, toutes les façons d’entreprendre. Cela passe par plus de visibilité médiatique, une meilleure répartition des investissements, des politiques publiques volontaristes et une reconnaissance accrue des contraintes spécifiques au parcours féminin. À chaque femme qui crée son entreprise, qui transmet son expérience ou qui prend la parole, une brèche s’ouvre dans ce plafond invisible qui freine les ambitions. Le faire disparaître demande du courage, de la persévérance et un véritable soutien collectif. Mais les bases d’un changement profond sont là : les trajectoires féminines gagnent en visibilité, les réseaux se renforcent, et les mentalités évoluent. Le mouvement est lancé, et il devient de plus en plus difficile à ignorer.

Chez Elleboss, on croit en ce mouvement et on est là pour l’accompagner, pas à pas.